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Vies d’expat : Christophe – Montréal, Canada

D’origine malgache, Christophe a suivi ses études supérieures à Paris pour finir diplômé de l’ESTP comme ingénieur en travaux publique. De retour à Madagascar, il a eu l’opportunité de travailler sur un projet d’investissement minier d’envergure internationale. « Je pense vraiment que cette première expérience a lancé ma carrière et c’est ce qui m’a permis de pouvoir par la suite prétendre travailler sur des projets importants à travers le monde. Etant de nationalité malgache je me suis retrouvé dans l’impossibilité de travailler en France pour des questions de visa, et toutes les portes se sont fermées devant moi. Je suis donc rentré à Madagascar étant donné que c’est le seul endroit où je pouvais aller. Et là j’ai découvert que bien que diplômé d’une école française de renommée, même les entreprises internationales implantées localement ne considéraient pas ma candidature à sa valeur. Parce que j’étais malgache. Toutes sauf une heureusement :  Le projet Ambatovy à Tamatave a été le lancement de ma carrière. J’ai eu la chance de travailler dans un cadre professionnel formidable et au niveau des standards internationaux. J’ai redécouvert mon pays : un endroit où il fait bon vivre, avec une qualité de vie agréable et des paysages extraordinaires. Et surtout c’est là que j’ai rencontré mon épouse ! ».

Christophe a ensuite enchaîné des contrats pendant 5 ans sur des projets en Papouasie Nouvelle Guinée, au Congo, puis au Maroc. « Je n’ai pas eu que des expériences faciles. Quand tu te retrouves en célibataire, à vivre en communauté sur des bases vie en pleine brousse ce n’est pas toujours évident. Et personnellement c’était un vrai challenge : ma future femme était partie au Canada pour faire ses études et nous faisions en sorte de nous rejoindre tous les 2 ou 3 mois quelque part sur la planète en fonction de mon chantier en cours ».

Puis Christophe a décroché un poste sur un projet d’usine de phosphate au Maroc en 2013, une destination qui l’a beaucoup emballé : « je ne soupçonnais pas le côté chaleureux et hospitalier des marocains. C’est un pays avec une super qualité de vie qui combine la modernité de l’Europe avec la douceur de vie de l’Afrique ». Ils y sont restés plus de 2 ans avec son épouse qui était arrivée au bout de ses études canadiennes.

« Depuis 2015 nous avons réduit le rythme et sommes maintenant installés à Montréal. Nous avons eu deux petits garçons après notre arrivée au Canada. J’ai la chance d’avoir trouvé une compagne qui a gardé comme moi un esprit un peu aventurier et nous souhaiterions continuer encore à nous déplacer avec nos enfants. Nous considérons que c’est une grande richesse à leur apporter et ces expériences de vie vont leur permettre de grandir. Pour nous, avoir des enfants ne change pas notre rapport à l’expatriation si ce n’est de choisir des séjours plus longs : entre 3 à 5 ans au même endroit me parait un bon équilibre. T’as le temps de te poser, de vivre, d’apprendre… si je compte il nous reste deux voyages avant que ça devienne compliqué avec les enfants ! Mon rêve est maintenant de vivre une expatriation en Asie. A suivre !».

Christophe a depuis obtenu la nationalité canadienne. « Ce sera plus facile pour voyager maintenant et continuer notre vie d’expatriés. Et pour mes enfants je pense que c’est une chance pour eux d’avoir la nationalité canadienne. On a tout le confort moderne américain. Mais c’est un mode de vie différent de ce qu’on a pu connaître dans d’autres pays et cela peut rendre parfois nostalgique du passé  (il rit)… comme de grands espaces dans ta maison … de l’aide pour les enfants ou le ménage … Mais socialement c’est super, on a plein d’amis. Les gens sont ouverts à Montréal, ils aiment bien discuter, ils sont cordiaux et peu méfiants. Et puis ici on t’aide très facilement.

Je ne connais pas le Canada mais je connais la réputation de ses hivers et je sais que le premier hiver c’est toujours un peu le test quand on arrive. Il me dit : « C’est très personnel la façon dont tu vis l’hiver. Au début on vivait ça à la malgache, on se confinait et on trouvait qu’il faisait bien trop froid. Or tu dois apprendre à le vivre à la canadienne. Déjà tu dois t’habiller canadien, et une fois que tu as franchi cette étape de savoir t’équiper, tu apprends à vivre l’hiver et c’est sympa. Mais pour être honnête je préférerai toujours la plage et le maillot de bain ! Il faut savoir être philosophe car

l’hiver sera toujours là et si tu n’apprends pas à l’aimer tu seras malheureux.

 Avec mon travail, on est amené à passer beaucoup de temps en extérieur toute l’année. Les chantiers ne s’arrêtent pas et ils s’en font un point d’honneur. Il y a une fierté canadienne à résister au froid, même si parfois tu sais qu’au fond d’eux aussi ils aimeraient aussi aller boire un café chaud. Mais voilà pour eux c’est la vie normale, on n’arrête rien. »

Je lui demande quel conseil il donnerait à un nouvel expatrié ?

« Au début, je pense qu’il ne faut pas se focaliser sur un pays mais plutôt vivre l’expérience qui nous est donnée. On ne sait pas encore ce que c’est au début et toute expérience, bonne ou mauvaise, est enrichissante.

Il faut savoir être respectueux et humble

et ne pas comparer tous les aspects d’un pays avec celui d’où l’on vient, sinon on ne profite pas pleinement du moment. Et enfin je dirais qu’il faut toujours garder de bonnes relations avec tout le monde, le monde est petit, particulièrement dans le domaine de l’expatriation ».

Au moment où on se parle Christophe est dans sa voiture avec ses enfants, garé sur un parking de supermarché. Il attend sa femme qui est allée faire le plein pour la semaine. Le voilà confiné mais pas à cause de l’hiver cette fois : nous partageons les mêmes contraintes logistiques avec la crise du COVID. Nous allons raccrocher et je lui dis : « Attends juste une dernière question : dis-moi si tu as un objet qui ne te quitte pas, un truc que tu as avec toi depuis le début de ta vie d’expat? ». Il réfléchit et me dit en riant « je crois que la chose que je trouve la plus importante c’est mon Mac ! Il ne me quitte pas et j’essaye de l’emmener partout avec moi ».

Crédit photo: Matthias Mullie

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